Histoire de BEA

En 2004, un visage d’enfant croisé à Cotonou bouleverse une vie. Derrière les chiffres de la pauvreté et de l’analphabétisme, c’est l’urgence d’agir qui s’impose.

De cette émotion naîtra une histoire de solidarité, entre deux hommes et deux continents, pour offrir un avenir aux enfants du Bénin.

L’anecdote

En 2004, débarqué à Cotonou pour des raisons professionnelles depuis moins de 48 h, l’Afrique noire et le Bénin m’apparaissent dans toute leur cruauté.
Alors qu’il m’est donné de visiter une maison en construction de 1 000 m2 habitables, dont la propriétaire veut faire poser 900 m2 de marbre qu’elle est allée elle-même acheter à Carrare, je vois cet enfant de 8 ans qui pousse une brouette de béton de près de 60 kilos, pour terminer la piscine…Il est 13h…
Je l’interroge et il me répond qu’il travaille depuis 7h30 et qu’il n’a encore rien mangé.
Troublé, je m’empresse de lui chercher à manger en face, et lui donne.

Le lendemain, un ouvrier m’a dit que le chef l’avait retiré, car ce que j’avais fait était mal…
Cet enfant de 8 ans… je l’ai perdu…

De retour à mon hôtel, je fais des recherches, et m’aperçois qu’il n’y a que 35% de gens alphabétisés dans ce pays, parmi les plus pauvres du monde.
Seulement 25 € de revenu mensuel moyen par habitant, alors, ici on a besoin des enfants pour « faire bouillir la marmite », car il faut bien vivre, non ?

Mais, une fois adulte, que feront-ils, ces enfants d’aujourd’hui qui ne sauront ni lire ni écrire ?
En quoi pourront-ils participer au décollage de leur pays ?
Auront-ils un autre choix que celui de vivre d’expédients ?
J’ai mal dormi cette nuit-là, hanté par un visage d’enfant

La rencontre

M’étant ouvert de ces découvertes auprès du directeur de l’hôtel Sheraton où je séjournais (hôtel de type international et donc coupé des réalités locales), ce dernier m’a conseillé de rencontrer Euric GUIDI, une personnalité reconnue localement pour ses initiatives de terrain.

Euric m’a raconté son pays, qu’il aime, et où il a décidé de rester vivre, alors qu’il pourrait venir travailler en Europe.
Il avait 46 ans, ingénieur agro-économiste et était Directeur technique de l’AGeFIB, l’Agence de Financement des Initiatives de Base.
Il fut boursier à l’époque où le Bénin était encore communiste, dans les années 80.

Il a étudié durant 7 ans en ex-URSS, n’en revenant qu’une seule fois, et a obtenu son diplôme.
Aujourd’hui, il aide tous ceux qu’il peut, mais, seul, il ne peut pas tout…

C’est là qu’est née l’idée de faire des choses ensemble pour ces enfants.
Le week-end suivant, Euric, qui est né dans la ville de Comé proche du Togo, me propose de visiter une école primaire, et un collège.
Nous visitons ensemble les écoles primaires et collège de Comé, quartier Djacoté, et décidons d’aider les enfants orphelins, parmi les plus défavorisés, à suivre une « scolarisation durable ».

Le principe est simple : donner aux parents l’équivalent de ce que rapporterait l’enfant s’il travaillait, mais l’envoyer à l’école. Après avoir vérifié son assiduité en début de mois, on reconduit le principe.
En 2006, cela correspondait à 10 €, en 2025 il s’agit de 15 € mensuels.

La naissance des ONG BEA

La rencontre de ces deux hommes, Paul DARMON, français-l’occidental, et Euric GUIDI, béninois-l’africain, est à la base de ce mouvement.
Face à la situation des plus jeunes, la première question est simplement : comment être utile ?

Après réflexion, ils ont décidé de structurer l’action qui deviendra Bénin Enfants & Avenir, en 3 points :

  • Trouver de l’argent pour permettre aux familles vulnérables de scolariser les enfants.
    Le taux d’analphabétisation était de 65% en 2006, 58,3% en 2011, de 53% en 2021.
  • Garder une éthique : le maximum d’argent collecté doit être reversé pour cette cause.
    1,00 € collecté = 0,92 € distribué
    Notre engagement est de suivre les recommandations de la Banque Mondiale et de garantir des frais de fonctionnement inférieurs à 8% des sommes perçues et transférées au Bénin.
  • Créer un cadre fiable et reconnu à la fois par les autorités du Bénin et celles de la France :
    • Au Bénin : création d’une O.N.G. BEA dont le Président est Euric GUIDI (une organisation non gouvernementale peut recevoir des subsides de fonds mondiaux et agir directement sur le terrain avec les communautés).
    • En France : création d’une association loi 1901 BEA dont le Président est Paul DARMON (une association loi 1901 est une personne morale, capable de récolter des fonds et financements de particuliers mais aussi d’entreprises, de collectivités locales et d’institutions). Les donateurs bénéficient de déductions fiscales.


Ces deux entités créées vont ainsi pouvoir travailler directement l’une avec l’autre et réaliser des échanges de fonds en garantissant leur destination sans subir l’intervention d’administrations extérieures à la cause.